« Nous demandons des réponses concrètes aux pouvoirs publics et invitons tous les Français à nous exprimer leur confiance et leur soutien, car oui, la Ferme France est belle, diverse et ancrée dans les territoires, elle doit être sauvée ! »
Communiqué de la FNSEA, publié le 3 février 2023
“Alors que la souveraineté alimentaire est régulièrement affichée comme priorité gouvernementale, il est urgent de passer du discours aux actes. »
Communiqué de la FNSEA, publié le 3 février 2023
Ce que la FNSEA tente de sauver, ce sont les profits issus d’une balance commerciale largement excédentaire pour les grandes cultures, les producteurs de lait et la filière du sucre (trois associations adhérentes au syndicat) plus que la souveraineté alimentaire. Cette dernière n’est pas en danger, la France exportant 1 600 000 tonnes de betteraves en 2020.
La transformation des hommes, des femmes et des lieux en facteurs de production atomisés soumis à la rationalité économique, l’agrandissement extravagant des exploitations menant au surendettement et à l’isolement des agriculteur.ice.s transformé.e.s en capitaines d’industries extractivistes, les pathologies dues à l’exposition aux produits phytosanitaires non prises en charge par la MSA… voilà le programme de la FNSEA depuis 60 ans.
Aujourd’hui, nous demandons des réponses concrètes aux pouvoirs publics aussi, mais des réponses pérennes, prenant en compte l’urgence écologique et sociale. Le système actuel ne profite qu’à une poignée de multinationales des industries agroalimentaires et chimiques et de syndicats comme la FNSEA.
“Depuis plusieurs années déjà, l’agriculture est en première ligne face à une succession de crises (climatique, sanitaire, géopolitique et énergétique) qui affectent son potentiel productif et menace la poursuite de certaines de ses activités.”
Communiqué de la FNSEA, publié le 3 février 2023
Quelle que soit la nature de la crise, l’agriculture productiviste prônée par la FNSEA joue un rôle de premier plan dans ces causes. Et n’apporte que des solutions périphériques et court-termistes au problème de fond, qui réclame de repenser nos méthodes de production autant que notre alimentation.
Oui, les agriculteur.ice.s sont victimes de la crise climatique. Mais le modèle productiviste agricole, prôné par la FNSEA, est également acteur du dérèglement du climat. En France, par exemple, l’agriculture représente près de 20% des émissions de gaz à effet de serre. Quand la FNSEA demande au gouvernement de l’aider à perpétuer un modèle toxique, les scientifiques du GIEC appellent à un changement de pratiques radical et dans des délais très courts, qui seul permettra de rendre le système agricole climatiquement résilient.
Les zoonoses à l’origine des crises sanitaires proviennent de la destruction des habitats de la faune sauvage. Encore une fois, le modèle agricole productiviste a sa part de responsabilité : on ravage des puits de carbone pour installer des pâturages bovins ou des champs de soja, qui nourrit le bétail des élevages intensifs du monde entier, dont les nôtres.
La situation en Ukraine a permis à la FNSEA de faire passer à la Commission Européenne la levée temporaire des jachères, afin d’augmenter la productivité au lieu de lutter contre le gaspillage (qui correspond en Europe à près de la moitié des exportations ukrainiennes de blé) ou de réduire la part des cultures réservées à l’alimentation animale.
Quant à la problématique énergétique, elle a impacté le prix des produits phytosanitaires comme les engrais azotés (indexé sur le prix du gaz naturel), si chers à la FNSEA, ainsi que le prix des hydrocarbures dont les grandes cultures sont les plus consommatrices alors qu’on connaît les effets délétères de ces produits sur l’environnement et la santé.
“Le coup de grâce est porté par la décision de la Cour de Justice Européenne de revenir sur la dérogation d’utilisation de produits de protection de la betterave sucrière, sans recours à une possible dérogation en raison de la loi « Pompili » de 2016, contrairement à d’autres pays européens.”
Communiqué de la FNSEA, publié le 3 février 2023
Depuis des années, la FNSEA s’obstine à défendre un produit reconnu comme nocif pour les abeilles, qui, en tant qu’insecte pollinisateur, figurent parmi les garantes de la biodiversité, élément essentiel à la survie de l’humanité.
Rappelons par ailleurs qu’il existe des alternatives efficaces et non-toxiques aux néonicotinoïdes pour lutter contre la jaunisse dans les cultures de betteraves.
Dans son communiqué, la FNSEA met en avant des projets innovants d’irrigation, faisant référence notamment aux méga-bassines. Vont-elles sauver les paysan.e.s ? Non. Il s’agit de pomper et stocker de l’eau pour une minorité d’agriculteurs, en privant les écosystèmes d’une ressource vitale pour maintenir la production de cultures trop gourmandes en eau, et qui sera pour partie exportée (maïs etc.).
Elle soutient une agriculture qui produit en masse, exporte à très bas coût, notamment de la viande et du lait vers les pays en développement. Pourquoi, si ce n’est pour les intérêts privés de quelques un.e.s, faire sur-produire à nos paysan.e.s une alimentation de mauvaise qualité, plutôt que les soutenir pour qu’ils produisent une alimentation de qualité, à un prix juste, de façon durable, tout en améliorant notre souveraineté alimentaire ?